Sarrasin et semences fermières : rechercher la diversité et être auto-suffisant ?

Chers Amis,  

Voilà, je suis heureux de débuter ensemble avec vous cette chronique bien modeste.  

Pourquoi ? Pour partager mon quotidien de paysan engagé et berger d’abeilles noires, et peut-être vous sensibiliser à des enjeux qui me sont chers.  Depuis presque 10 ans j’habite sur un petit territoire rural des Côtes d’Armor en Bretagne ; j’y fais grandir la ferme familiale Notre Dame de Paix, mais aussi l’Institut Ar Mell, un consortium de chercheurs intéressés par les questions de biodiversité et de territoire, avec une dimension agricole importante. 

Cette semaine, nous venons de trier nos semences de sarrasin bio ensemble avec Claude, mon voisin de Mérillac. Grâce à du matériel simple mais robuste, après pesée, nous obtenons 2,4 tonnes d’une belle semence, débarrassée de ses impuretés (poussière, résidus de récoltes, grains sans fruits ...), prête à être mise en terre début mai au plus tard sur 60 hectares.  

Je suis très attaché à cette semence fermière, car je connais son origine exacte (mélange de six variétés bio, mis au point par Véronique Chable de l’INRAE-Rennes, UMR Bagap, au Rheu (35)) ; je crois au principe de diversité pour obtenir le meilleur de la Terre qui nous nourrit et assurer mon autonomie.  Dans le récit de la Création (Genèse 1,1-2,3), le mot semence est répété six fois ; c’est l’origine de la Vie, à renouveler tous les ans, ou presque... 

Kenavo,  

François Marie 

Paysan chercheur breton 

Mini biographie

Après une première partie de vie passée dans l’entreprise, en grande partie dans les pays émergents, puis une seconde dans le monde de l’enseignement et de la recherche en France, je suis revenu à mes racines bretonnes pour reprendre et faire grandir un domaine familial. Comme paysan et berger d’un petit troupeau d’ovins et d’abeilles noires, j’aborde le Vivant avec peu de certitudes et beaucoup de questionnements, en privilégiant les principes d’adaptabilité, de diversité et de beauté pour cultiver le paysage environnant. 

Je reste émerveillé par la capacité de résilience de la Création qui nous entoure. Je vis mes occupations selon les saisons, sur un temps long, en privilégiant les petits pas concrets pour avancer et quelques fois démontrer.